mercredi 31 août 2011

Ado et LESbiENNE: suite... Comment savoir si on est lesbienne?

Comment savoir si une fille est lesbienne ou bi?
 
Des ados nous disent : "nous, quand on est ensemble, on est bien et c'est tout. Ca fait un an, je l'aime...", "elle me laissait des petits mots cachés un peu partout, et pendant la journée, j'avais la surprise, je ne me sens jamais seule avec elle".
D'autres nous disent: "j'ai été avec une fille, mais je ne suis pas comme ça, je voudrais jamais l'avoir fait. Maintenant, elle est avec un mec et moi aussi, mais elle assume ce qu'on a fait, moi pas... j'ai honte...", "je sais qui je suis, qui j'aime, personne ne pourra m'enlever ça, mais ce n'est pas possible, ma famille, ma religion, alors au premier garçon qui voudra, je dirai oui, c'est comme ça ou fuir, mourir...".
Certaines ados peuvent bien vivre leur amour. Mais d'autres beaucoup moins. Pourtant, les filles ne font de mal à personne en aimant une autre fille! Aimer un garçon, ou aimer une fille, c'est de l'amour, c'est tout.
Mais la pression est vraiment énorme sur les filles, pour qu'elles soient toutes hétéro, qu'elles aient des enfants (pourtant, ceci est possible même sans être hétéro!), pour qu’elles réussissent à séduire au moins un garçon, comme preuve qu'elles plaisent "vraiment"... Et donc, souvent, les ados qui aiment une fille subissent des pressions, du sexisme ("pour être une "vraie" fille, tu dois..."), de la lesbophobie ("les lesbiennes, c'est des..."), de l'hétéronormativité ("tout le monde est hétéro, voyons!") et c'est vraiment ni normal, ni juste. Ca vaut toujours le coup d'y croire et de vivre, car avec le temps et de belles rencontres, ça va aller mieux, de mieux en mieux et vous allez pouvoir vivre heureuses, que vous soyez lesbiennes, bi ou hétéro...
Comment savoir si on est lesbienne? Bisexuelle? Parfois, on peut se sentir emmêlée avec tout ça...
Voici des réponses à des interpellations de jeunes, ce qui explique le langage, qui émane de leurs questions...
Tout d'abord, le plus important à savoir, c'est que ce n'est JAMAIS en "couchant" avec une fille et/ou un garçon que l'on peut répondre à cette question. Et il n'y a jamais une comparaison à faire !
En plus, on peut coucher avec des mecs, ne pas avoir ressenti de plaisir et ne pas être lesbienne pour autant. Tout comme on peut coucher avec des mecs, avoir aimé ça mais être en amour pour une fille et se sentir lesbienne ou bi.
On peut aussi trouver des garçons beaux mais être lesbienne. On peut trouver les filles jolies et ne pas être lesbienne.
On peut être lesbienne et ne pas être attirée par toutes les filles comme les filles hétéro ne sont pas attirées par tous les garçons.
On peut faire des rêves avec des filles et ne pas être lesbienne...
Ce n'est pas parce qu'on ne plait pas aux garçons que l'on va vers les filles.
On peut avoir embrassé une autre fille et se sentir mal avec ça. Ca ne voudra pas dire qu'on l'est ou non, lesbienne...
On peut préférer être entourée seulement par des filles ou seulement par des garçons, émotionnellement et socialement, on peut se sentir plus à l'aise avec des filles ou des garçons, sans être lesbienne...
On peut être féminine ou masculine, ca ne vaut rien dire non plus...
On peut se poser des questions à l'adolescence, se poser des questions ne va pas vous faire devenir lesbienne, vous aurez juste ouvert une porte de votre identité, que d'autres laissent parfois fermée, par peur...
Ben alors, comment faire pour s'y retrouver?
Se découvrir, ca prend du temps, c'est petit à petit. Sentir une attriance pour une fille, enlever une à une les couches de préjugés, surmonter les peurs qui sont nées des discriminations qui existent dans notre société, et que l'on a intériorisées à l'école, dans nos familles, dans les magazines, les chansons, etc. Oser de plus en plus s'écouter, être soi et se faire entourer des personnes qui vous aiment comme vous êtes.
Ce que l'on remarque dans ce que les jeunes nous disent, en résumé, c'est: "quand j'ai été amoureuse, alors là, je n'ai plus eu de doute!", "quand j'ai senti qu'entre elle et moi, c'était possible"...
Alors, l'idée, c'est de ne pas vous juger sur ce que vous ressentez, de ne vous forcer à rien qui irait contre ce qui vous fait du bien, ce que vous ressentez, prendre le temps, avoir des ami-e-s, vous pouvez aussi regarder certains sites pour les jeunes, par exemple : http://www.alterheros.com/ qui est un site Québecois, mais où des jeunes de tous les pays discutent. Il y a aussi des forums pour parler avec d'autres jeunes, mais gardez toujours du recul et votre esprit critique car toutes les réponses ne sont pas adéquates sur ces forums.
Et aussi sur ce blog, ce serait chouette que vous puissiez laisser des témoignages entre jeunes sur ce qui vous fait vous découvrir et vous accepter comme lesbienne ou bi, vos questions, vos doutes, vos expériences positives aussi...
Vous pouvez aussi nous contacter pour recevoir des infos, de l'aide, de manière anonyme, en nous écrivant à santedeslesbiennes@gmail.com
N'oubliez pas : l'hétérosexualité n'est pas plus normale, elle est juste plus fréquente et surtout plus visible! =$ Et il n'y a rien à avouer! L'amour n'est jamais une faute, donc, rien à avouer :) Mais "seulement" se le dire à soi, oser vivre ce qu'on ressent... Personne d'autre que vous ne peut savoir ce que vous êtes... En plus, il n'y a jamais d'urgence, ni de nécessité de s'étiqueter... Alors, prenez votre temps et respectez vous, prenez soin de vous, bichonnez vous, estimez vous, soyez fière de vous, vous êtes unique, vous n'êtes pas seule...
Prochain article, comment savoir si une fille est lesbienne?

lundi 22 août 2011

Les ITSS: Infections Transmissibles Sexuellement et par le Sang

Vous avez sans doute déjà entendu parler des infections qui peuvent s'échanger entre femmes, durant les relations sexuelles.


Pour les gays, extrêmement touchés par le VIH, parler de prévention a été et reste une question de santé publique et de survie.

Par contre, les pratiques entre femmes sont/seraient moins à risques au sujet du VIH et elles n'ont donc pas fait l'objet de mesures de prévention. Pourtant, d'autres infections que le VIH existent (le HPV par exemple) et elles peuvent avoir des impacts importants sur notre santé, d'autant plus que les LESbiENNES recourent moins au dépistage gynécologique que les femmes hétérosexuelles...

Alors, comment s'y retrouver pour se protéger les unes les autres, dans nos amours et nos relations?

Tout d'abord, il faut pouvoir décoder ce qui se passe dans les informations qui nous sont destinées...

Actuellement, on peut constater que la prévention des ITSS à destination des LESbiENNES n'est pas une préoccupation majeure pour les politiques, les chercheur-e-s et les associations. Dans le meilleur des cas, de très faibles moyens sont mis à disposition pour réaliser des folders et ils sont souvent octroyés à des organismes de prévention spécialisés au sujet du public des gays. De ce fait, les informations qui existent s'inspirent souvent de la prévention du VIH et du sida et des réalités des hommes gays.


La prévention qui existe fonctionne aussi souvent en copier-coller consenti, de pays en pays, entre associations, à cause du manque de soutien financier pour des initiatives adéquates. Elles se répètent et se reproduisent, créant un discours unique, une production de normes assez univoques, sur ce qui est à faire - ou non- en termes de prévention mais aussi - et c'est ce qui est encore plus gênant- en termes de relations et de conduites sexuelles.

A cela s'ajoute une hypersexualisation croissante dans la société actuelle, qui prend racine dans le sexisme et qui a des impacts sur le bien-être des filles et des femmes en général mais aussi sur les LESbiENNES. Ce qui est moins connu... En effet, l'émancipation et la libération ne sont pas toujours là où on nous le donne à voir... Nous y reviendrons dans un prochain article...

Dans ces brochures et folders de prévention, l’accent est souvent mis sur les pratiques qui sont considérées comme davantage à risques (qu'elles soient peu fréquentes ou largement partagées) : relations avec partenaires occasionnelles, multipartenariat, utilisation d'objets sexuels, pratiques sexuelles avec certaines pénétrations, cunnilingus...

Quelles sont les conséquences possibles?


Les LESbiENNES qui ne souhaitent pas vivre ces choses-là, qui vivent d'autres choses, celles aussi qui sont en couple stable, ne se sentent pas concernées par le message général de prévention, en plus de se sentir sans doute un peu "hors normes lesbiennes"... Le but de la prévention globale manque sa cible. Par exemple, « je n’ai pas ce type de pratiques et de relations, c'est pour les jeunes lesbiennes citadines, donc non seulement ça doit vouloir dire que je suis coincée (ça tombe mal), mais en plus, je n’ai pas besoin de faire un frottis (ça tombe bien, j’aime pas les frottis) ».

D'autres, qui se découvrent, qui aiment pour la première fois une fille ou un femme, peuvent imaginer que pour être LESbiENNE, il s'agit de comportements à adopter, pour être "parmi elles". Le message de prévention manque alors aussi sa cible, en termes de santé et de bien-être global, par le poids de normes, alors qu'être lesbienne, c'est en partie sortir et se libérer de certains carcans...

Paradoxalement, d'autres personnes, qui représentent davantage le public des LESbiENNES qui vivent les pratiques qui sont nommées dans les folders de prévention, ne sont pas toujours touchées par les messages de prévention usuels. Même si elles y ont accès, elles ne les pratiquent pas toujours. En effet, la lesbophobie intériorisée et le degré d'acceptation et d'affirmation de soi durant le coming out, ont beaucoup d'impacts sur la capacité à s'estimer, à prendre soin de soi. Ceci pèse sur la capacité de pouvoir bénéficier de messages de prévention des ITSS et aussi sur la santé en général. C'est pourquoi les messages de prévention des ITSS doivent intégrer d'autres sujets de santé concernant les LESbiENNES comme l'estime de soi et le bien-être.

En résumé, on remarque que sans des messages adéquats de prévention au sujet des LESbiENNES, certaines réactions peuvent traduire le sentiment de ne pas être concernée, de se sentir hors normes, d'adopter certains comportements "juste" pour être intégrée, de connaitre la théorie sans pouvoir passer à la pratique...

Bref, toutes ces raisons expliquent pourquoi la prévention des ITSS à l'égard des LESbiENNES doit vraiment faire l'objet d'une expertise spécifique, pour être adéquate... Sinon, la prévention induit la production de normes sexuelles, orientées davantage style "hétéro et/ou gays", et qui peuvent être teintée d'hypersexualisation. Ces informations que l'on nous donne peuvent être gênantes, en termes de respect de ce qui émane de nous, de notre émancipation, et aussi en terme d’efficacité du message pour toucher l’ensemble des LESbiENNES, quels que soient leurs comportements et pratiques sexuelles, leurs relations amoureuses et affectives...


Tout ça pour vous dire que notre modeste ambition, dans ce que nous dirons sur la prévention des ITSS dans nos prochains articles, sera d'aborder les diverses réalités des LESbiENNES, sans qu’aucune ne soit une norme à laquelle se conformer ("pour être une lesbienne, il faut..."... il ne faut rien du tout sauf être soi le plus possible :) )... Il n'y a aucune pratique nécessaire pour être "une vraie" LESbiENNE et les LESbiENNES présentent une variété de manières de vivre leurs relations affectives, relationnelles et sexuelles. Il y a un peu de tout et l'essentiel est de rester soi, de prendre soin de soi et de respecter l'autre...

Et d’ailleurs, pourquoi ITSS plutôt que IST, ce qu'on dit toujours? Suite au prochain épisode!


Magenta/ Rosine Horincq/ Août 2011


mardi 9 août 2011

Une recherche sur les coming out des filles et des femmes...

Rosine Detournay Horincq est psychologue depuis vingt ans.


En 2002, elle a participé à la création d'une association d'aide dénommée Magenta, spécialisée en santé et égalité pour les personnes lesBIennes, gayes, trans ou non exclusivement hétéro, pour leur entourage, parents et ami-e-s. Cette association favorise la formation des professionnel-le-s en tout genre, depuis plusieurs années (profs, centres de planning, aide à la jeunesse, services de prévention Sida-IST...).


Elle réalise actuellement une recherche doctorale sur le processus d'acceptation et d'affirmation de soi, les coming out, des femmes et des filles de tous les âges.


Elle recherche actuellement des filles et des femmes qui se sont révélées d'hétéro à lesbienne/bi ou vice versa, de lesbienne à bi ou vice versa, durant cette dernière année et qui résident sur Bruxelles ou ses environs.


Si cela est votre cas ou si vous connaissez quelqu'une qui a vécu cela cette année, elle serait très intéressée de vous rencontrer pour réaliser une interview, en tout anonymat et confidentialité.


Vous pouvez lui envoyer un mail à santedeslesbiennes@gmail.com.


Merci pour votre participation!

santedeslesbienne@gmail.com

santedeslesbienne@gmail.com