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Article paru dans la revue Chronique féministe, Féminismes et Lesbianismes, n°103-104, Juil/Déc. 2009.

LESbiENNES en santé  © Rosine Detournay Horincq, Magenta.

Résumé: Les constats mettent en évidence d’une part, des problèmes spécifiques en santé de lesBIennes et d’autre part, les difficultés d’accès aux soins pour ces mêmes publics. Nous poserons enfin, quelques recommandations.

Par Rosine Detournay Horincq

Psychologue, psychothérapeute.
Formatrice, superviseuse, consultante
Chercheuse, doctorante en psychologie
Directrice de l’asbl MAGENTA

Introduction

 
La santé telle que définie par l’OMS est « un état complet de bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’invalidité ». Elle constitue un droit humain.
Dans notre pays, la santé reste encore vue de manière traditionnelle (la maladie, la bonne santé), séquentielle (d’une part la santé physique, de l’autre la santé mentale) et détenue par le savoir et le pouvoir médical. La promotion de la santé gagnerait à être davantage favorisée et reconnue, celle-ci offrant une épistémologie qui permet adéquatement d’œuvrer à la santé telle qu’elle est décrite par l’OMS. Pour développer des déterminants de santé, elle intègre aussi bien des niveaux macro-sociaux tels que les discriminations, les politiques sociales de santé, que d’autres niveaux tels que des milieux de vie, des publics relais aux publics cible, jusqu’à la personne elle-même.  

Genre, orientation sexuelle et discriminations

 
Les dominations de genre que sont le sexisme, l’homophobie et l’hétérosexisme, qui colorent notre contexte social ont des impacts sur la santé. Et les lesBIennes sont à la croisée de ces trois dominations de genre. Or, ce sont elles qui bénéficient le moins d’un intérêt pour ce qui détermine leur santé. Il n’existe quasiment pas d’études à leur sujet, ni de volonté politique et des secteurs concernés, pour soutenir réellement des projets à leur égard. Ceci constitue une autre discrimination. Les pistes de subvention, par problématique, ne répondent pas toujours à leurs besoins. Ceci explique notamment pourquoi au sujet de ces femmes, on peut retrouver surtout des informations sur la prévention du VIH ou au mieux, des IST (par assimilation avec les gays et le secteur de la prévention du VIH-Sida) et sur la violence dans les relations entre partenaires (par assimilation avec l’égalité entre les hommes et les femmes et l'objectif prioritaire contre les violences entre partenaires). Si ces thématiques peuvent toucher effectivement ces femmes, cela ne représente pas une manière de prendre en considération de manière globale et adéquate leur santé et leur bien-être.

Constats


Les constats sur lesquels se base notre article, reposent sur des études nationales, européennes et internationales, qui mettent en évidence d’une part, des problèmes spécifiques en santé de ces publics et la mauvaise définition de leurs besoins et d’autre part, les difficultés d’accès aux soins pour ces mêmes populations et le peu de formation des intervenants de santé, au sujet de ces publics. 

Les problèmes spécifiques et les inégalités de santé

 
Les femmes d’orientations homo et bisexuelle n’ayant pas été contaminées par le virus du Sida dans les années 90 sont restées dans l’ombre au sujet de leur santé. Des études confirment pourtant les difficultés spécifiques accrues de santé pour ces femmes. Celles-ci sont significativement et proportionnellement plus nombreux que les hétérosexuel-le-s à manifester des tentatives de suicide, à souffrir de détresse psychologique, d’excès de consommation d’alcool et de drogue, ainsi qu’à être victime de stigmatisation. Le soutien social peut agir comme un élément protecteur de santé, le fait de cacher son orientation sexuelle (faible degré de coming out) serait associé à divers problèmes de santé physique alors que l’homophobie intériorisée serait un facteur de risque pour la dépression, le suicide et les abus de substance.

  • Violences et discriminations subies

Les lesbiennes subissent des violences. D’une part, en tant que femmes et d’autre part, en tant que lesbiennes. D’après la recherche européenne à l’égard des violences dont sont sujettes les lesbiennes1, 98% de ces femmes ont subi des agressions verbales, 24% de la violences physique et 44% de la violence sexuelle, du fait de leur orientation sexuelle. Ces expériences de violences (physiques et symboliques) et de discriminations (vécues, ressenties ou craintes) peuvent avoir des effets sur la santé mentale, provoquer des stress post-traumatiques et ont des impacts sur la qualité de vie et les comportements de santé des lesbiennes. On retrouve chez ce public cible, de manière parfois plus critique, mais semblable aux femmes hétérosexuelles, des stratégies adaptatives et des mécanismes d’anticipation et d’évitement de la violence (ne pas fréquenter des lieux publics, attention flottante dans ces lieux tels que le métro par exemple, banaliser la violence subie et répétée, etc.).
  • Santé mentale et détresse psychologique

> L’homosexualité n’est plus considérée comme une maladie mentale (DSM) depuis 1987 et non plus comme une maladie (OMS) depuis 1991. Mais des stigmates et des préjugés existent encore. En outre, en tant que femmes, elles subissent des rapports de domination historiques, dans nos sociétés patriarcales, qui pèsent sur leur santé mentale. Citons quelques uns des facteurs de vulnérabilité : le manque d’estime de soi, l’isolement, le peu de soutien social, le peu d'images positives des relations d'amour entre femmes, l’invisibilité et l'invisibilisation, la précarité, les violences, les insultes et les discriminations, le processus identitaire du coming à ces différents moments de la vie, la gestion des réactions au stade du coming out où la personne dévoile sont orientation sexuelle à autrui et/ou de l’anxiété de conserver cachée leur homosexualité et les attirances pour d'autres femmes ou filles, la pression à l’hétérosexualité et à la maternité, le sexisme et l'hétérosexisme, la lesbophobie qui sont intériorisés, etc. Ces facteurs peuvent favoriser l’émergence de problèmes psychologiques tels que des angoisses, de la dépression, des tentatives de suicide, (selon les études, taux de 3 à 12 fois supérieur chez les lesbiennes par rapport aux filles et femmes hétérosexuelles et ce taux est aussi supérieur par rapport aux gays), des équivalents suicidaires, voire un suicide, du stress post-traumatique, des troubles alimentaires, etc. Cela peut aussi favoriser des conduites à risques telles que l'usage de produits psychoactifs, les pratiques sexuelles sans précautions, le décrochage scolaire.

> Le facteur de l'âge est manifeste, couplé à celui du degré de coming out d'acceptation de soi. Les jeunes et les personnes plus âgées sont plus à risques, ainsi que les personnes qui sont au milieu de leur processus de coming out (sont conscientes de leurs attirances mais n'ont pas encore vécu d'expériences positives ou rencontré d'autres personnes).

> Tentatives de suicide chez les jeunes. Deuxième cause de mortalité chez les jeunes en général, celles et ceux en questionnement sur leur orientation sexuelle sont encore plus à risques. Cela est souvent négligé dans les études sur le suicide et les services d'accompagnement. Les filles tentent davantage de se suicider que les garçons, mais accomplissent moins souvent le suicide, étant donné les méthodes employées, qui relèvent de constructions de genre. Comme pour la population des jeunes en général, elles vont davantage prendre des médicaments et les garçons utiliser des armes. Le pronostic sera différent, ainsi que les réactions de l'entourage et des professionnel-le-s. Il peut y avoir une dévalorisation, une banalisation pour les méthodes utilisées par les filles. Il importe de prendre en considération le mal-être que ces filles vivent, en lien avec les stigmates sociaux et historiques, les préjugés et les discriminations. Au sujet des tentatives de suicide, contrairement à la population générale, le risque diminue avec l’âge, étant donné le processus du coming out et d'acceptation de soi.

> Ces risques de santé mentale sont accrus pour les filles qui sont isolées, en rupture familiale et sociale, dans une situation précaire, qui ont subi de la maltraitance familiale ou des violences et/ou celles qui ont consommé des psychotropes. Les risques sont également d’autant plus importants lorsque la personne cumule plusieurs facteurs de discriminations (exemple : les lesbiennes qui sont d’origine ethnoculturelle).

  • Prévention des Infections Sexuellement Transmissibles /Sida et du cancer du col de l'utérus

> La problématique des IST et de leur transmission reste toujours dominée par la question du sida, de l’homosexualité masculine et des rapports hétérosexuels. Or, ces femmes peuvent contracter une IST lors de leurs relations sexuelles. Mais bon nombre de ces femmes ne se sentent pas concernées par la possibilité d’être infectée par le VIH/sida et encore moins par les infections transmises sexuellement.

> Le HPV[1] est en recrudescence pour les femmes de toutes les orientations sexuelles. C’est un exemple d’IST qui se transmet entre femmes qui ont des relations avec d’autres femmes. Mais trop souvent, ces femmes et même leurs soignant-e-s ne le savent pas… Elles vont deux fois moins faire un test PAP (frottis du col de l'utérus) que leurs paires hétérosexuelles et des études montrent que seulement 1/3 des lesbiennes rencontrées avait déjà consulté un-e gynécologue pour un problème d’ordre gynécologique. Ces personnes sont donc à risques au sujet du développement du cancer du col de l’utérus, mais aussi des ovaires, puisqu’elles consultent peu.

> Ainsi, ce manque d’information et d'accompagnement adéquats exposent ces femmes à des risques faibles d’infection au VIH mais élevés des autres ITS. D’autant plus que leurs pratiques sexuelles sont plus fluides et que des femmes et des filles, même si elles se sentent lesbiennes, peuvent avoir des pratiques sexuelles avec des hommes, gays ou hétérosexuels. 

  • Cancer du sein

> Avec moins de visites médicales, ces femmes ont moins d’occasions de bénéficier des mammographies et d’examens professionnels du sein. De plus, des études démontrent que les femmes lesBIennes ont une aversion pour pratiquer régulièrement l’auto-examen des seins. Pour ces raisons, les femmes lesBIennes peuvent avoir des cancers qui se détectent tardivement. Or, un cancer dépisté à un stade précoce est plus facilement traitable et le pronostic de guérison est bien plus élevé.

> Il existe d'autres facteurs de risques: lorsque ces femmes accouchent, elles le font rarement avant l’age de 30 ans, ces femmes peuvent, à certains moments, consommer abusivement de l’alcool, du tabac ou d’autres produits, elles peuvent aussi présenter un surpoids. 

  • Troubles cardio-vasculaires

> Puisqu'elles ne se conforment pas aux stéréotypes de genre (elles ne sont pas hétérosexuelles, comme attendu), il arrive que ces femmes refusent d’entrer dans les carcans de la « féminité » (minceur, etc.) et/ou se sentent mal dans leur peau relativement à leur « différence ». Elles peuvent présenter des problèmes de surpoids et de sédentarité. Elles vivent aussi des états dépressifs et de stress majeurs, relativement à la lesbophobie vécue durant le coming out, à des difficultés relationnelles avec la famille d’origine et d’affirmation de soi, à l’isolement social qui les caractérisent à certains moments de leur vie. Elles ont tendance à consommer de l’alcool, du tabac et parfois des drogues en excès à certains moments de leur vie et de leur coming out. Tout cela accroit les risques de troubles cardio-vasculaires. 

  • Assuétudes et consommation de drogues

> Les problèmes de santé mentale peuvent favoriser l’émergence de problèmes psychologiques et de conduites à risques, telles que l’ usage de produits psychoactifs. Les (rares) recherches relatives à l’usage de produits chez ces femmes ont montré des résultats variables et difficilement comparables notamment en raison de l’utilisation de différentes méthodologies.

> L'alcool, le tabac, les produits licites et illicites, la dépendance à ces produits est corrélée avec la stigmatisation sociale et le poids de ne pas être conforme aux attentes familiales, sociales (hétérosexisme) et de soi (soi réel) à soi (soi idéal) et le stress.

> L’alcool est aussi associé à la socialisation, mais contrairement aux gays, les lesbiennes auraient plus tendance à consommer chez des ami-e-s que dans les lieux commerciaux et associatifs. Elles peuvent vouloir privilégier des lieux privés, considérés comme des milieux protégés pour tenter de tempérer leur crainte d’agressions à l’extérieur et à la sortie des lieux commerciaux et associatifs lgbt (par des hommes hétérosexuels, qui fantasment sur « les lesbiennes »). Mais aussi, la consommation peut être vue comme un mécanisme de réduction du stress et de désinhibiteur. En effet, éduquées en tant que femmes, les lesbiennes n’ont pas toujours appris à faire le premier pas dans la séduction. L’alcool peut alors servir de désinhibiteur. Enfin, il y a la pression du groupe comme incitation à la consommation, mais aussi l’ajustement des consommations à celles de leur-s partenaire-s, ainsi que la hausse des consommations en début et fin de relation.

  • Vie affective, relationnelle et sexuelle et santé

> La sexualité des femmes a toujours suscité au moins des interrogations, elle a presque toujours été banalisée et elle fait encore partie de l’exploitation des femmes et de leurs corps, dont les violences en tout genre restent malheureusement d’actualité. Le couple lesbien est quant à lui, porteur socialement de nombreux préjugés. Il est un impensé social, d'un ordre basé sur l'hétérosexualité et la reproduction, sur la domination masculine. D’une part, les lesbiennes sont désexualisées, asexualisées. « Que peuvent-elles bien faire au lit ? » en référence au monisme phallique ou à ce qui est présumé de leurs pratiques (« il ne s’agit que de caresses, d’échanges entre « amies » »), banalisant et dénigrant ainsi la relation elle-même et son contenu. D’autre part, les lesbiennes sont sursexualisées, hypersexualisées, preuve en est du fantasme masculin hétérosexuel véhiculé dans bon nombre des films pornographiques et qui ne relève -bien sûr- en rien de l’amour entre femmes et du lesbianisme. Des études montrent que les lesbiennes ont un nombre plus élevé de partenaires au cours de la vie que les femmes hétérosexuelles (36% ont eu plus de 10 partenaires versus 5% des femmes attirées uniquement par les hommes), mais elles en ont moins que les gays. Leur sexualité est plus fluide et sensible aux facteurs situationnels et aux contextes. Le couple est un lieu de création, de construction de soi et des liens à l’autre, une poursuite de l’apprentissage de l’attachement et des liens et des capacités de différenciation. Les couples de femmes partagent de nombreuses ressemblances avec les couples hétérosexuels. Mais il y a néanmoins des différences, dont la principale est le regard social. Il existe aussi une pression hétérosexiste (normative) et une instrumentalisation du corps et de la sexualité des femmes (fantasmes des « lesbiennes »). Ceci suscite un isolement qui concourt parfois à une proximité plus grande dans le couple, avec des craintes que l'éloignement signifierait pour ces femmes, la rupture de la relation et du couple. Parallèlement, elles présentent parfois au sujet du couple et de l’autre personne, des sentiments d'envahissement, d'intrusion, de perte de contrôle, d'étouffement, une réelle sensibilité à tenter de préserver leur intime et leur individualité et corollairement, elles expriment souvent (de manière visible ou non) une attente très forte d'une relation stable, protectrice et solide. Ceci peut être relié au fait que ces femmes, sorties de la domination masculine et ayant gagné une forme d'indépendance et d’autonomie à différents niveaux de leur vie, tiennent à leur acquis et aussi que deux femmes, ayant été socialisées comme telles, semblent davantage dans le « care », font davantage attention et sont empathiques à l'autre, davantage qu'à leurs propres besoins et désirs, au point de devoir parfois s'opposer pour se recentrer. Enfin, un autre enjeu est la différence de degré d'acceptation de soi et de coming out entre les deux partenaires. Cela peut avoir des effets favorisant, aidant pour celle qui « s'assume » moins, mais aussi des effets de blocage relationnel. Tout ceci doit néanmoins être approché par l'intermédiaire de ma recherche doctorale, ces observations se basant sur un sens clinique. Enfin, dans la vie affective, il peut exister de la violence dans les relations entre femmes car elles n’échappent pas à la structure sociale hétérosexuelle et sexuée actuelle, c’est-à-dire différenciée et hiérarchique qu’elles ont intégré, qui conditionnent les comportements violents. Vous pouvez vous référer à l'excellent article de Vanessa Watremez qui fait partie de ce numéro, ainsi qu'au travail réalisé par Magenta dans le cadre du projet Daphné2.

  • Auto-éducation et soins auto-administrés

> Les lesbiennes font peu confiance aux services de santé, les évitent, se montrent réticentes au sujet du corps psychomédical. Elles tendent à s'auto-soigner, avec certaines conséquences négatives pour leur santé. Elles éprouvent des difficultés pour accéder aux services de santé.

Difficultés d’accès aux services sociaux et de santé


Le RQASF3 a pu mettre en évidence différentes barrières rencontrées par les lesbiennes dans l’accès aux services sociaux et de santé : 
  • les discriminations hétérosexistes et homophobes, que l'on peut constater à travers la présomption d’hétérosexualité et, lorsque l’homosexualité est connue, les discriminations et les préjugés de genre dans tout ce qui concerne la santé de ces personnes  
  • l’ignorance et le manque de compétences des professionnel-le-s s’agissant des sexualités des lesbiennes, lors des examens gynécologiques et dans les services d’aide en santé mentale (méconnaissance de la réalité sociale et culturelle dans laquelle évoluent les lesbiennes, des spécificités de leurs vécus en termes de discriminations et de stigmatisation sociale, ainsi que manque d’aptitudes pour les accompagner de façon adéquate et, dans une trop large mesure, désintérêt ou adhésion aux préjugés habituellement répandus dans la société concernant les lesbiennes) 
  • la lesbophobie et l’hétérosexisme intériorisés (stress du coming out et discriminations anticipées, difficultés à s’émanciper de la conception hétérosexiste de la famille et des rôles socio-sexuels, etc.) 
  • la pauvreté (en tant que femme, insertion différenciée sur le marché du travail notamment) 
  • l’isolement et l’invisibilité sociale.

Ce public consulte moins que les femmes hétérosexuelles et lorsqu’elles le font, elles masquent souvent leur orientation sexuelle, ce qui renforce leur invisibilité, facteur primordial de vulnérabilité.

D'autre part, elles sont peu conscientes de certains de leurs facteurs de risques. Leur difficulté à demander de l'aide se base sur la crainte d’être jugée et marginalisée, les expériences précédentes au sujet du coming out avec des intervenant-e-s de services de santé et des services sociaux et scolaires ainsi que sur leurs sentiments de honte. 

A certains moments de leur vie, déprimées et isolées, elles prennent moins soin de leur santé. Celles qui présentent davantage de facteurs de vulnérabilité, ne consulteront parfois tout simplement pas. Il arrive même que les personnes gays, lesbiennes ou bisexuelles qui éprouvent des difficultés à s’assumer (homophobie intériorisée) peuvent être confirmé-e-s dans leurs difficultés personnelles, de par la situation même de demande d’aide.

Lorsqu'elles demandent de l'aide, elles éprouvent des difficultés pour recevoir une aide médicale et psychologique adéquate. Les structures de soins et de prises en charge y compris celles qui sont spécifiquement dédiées aux femmes ou celles qui oeuvrent à la prévention des IST chez les gays, semblent ne pas fournir une aide adaptée aux besoins des femmes lesbiennes. Les interventions de santé sont trop souvent inefficaces, ne tenant pas compte des valeurs et des besoins des lesbiennes, de leurs réalités sociales. Elles participent à la réduction du recours aux services professionnels, l’accès aux soins et leur qualité. 

En outre, les réponses psychosociales et médicales à ces problèmes de santé, ont comme constante d’individualiser la problématique et de la banaliser (une personne est une personne, tout va bien pour ces femmes dans notre société) ou de la dramatiser (lecture pathologique de l'orientation sexuelle). Les facteurs de risques et de vulnérabilités et ceux de protection doivent être mis en lien avec le statut de minorité (d’orientation) sexuelle et avec la stigmatisation sociale. Ceci est véritablement de première importance pour l’adaptation des services sociaux et de santé de ces populations.

Le degré de compétence professionnelle pour l’accompagnement de ces populations se révèle avec les attitudes (mal-être, difficultés aux niveaux des savoirs faire et des savoirs être) et les connaissances (qui dépassent peu le vécu expérientiel) des intervenant-e-s, les difficultés exprimées par ces mêmes intervenant-e-s, qui en toute bonne foi, véhiculent les préjugés et les stéréotypes intégrés dans leur éducation.

Quelques recommandations


Pour promouvoir la santé des lesBIennes et des femmes non exclusivement hétérosexuelles, il est nécessaire d’agir sur les différents niveaux simultanément.

  • ces publics cible : informer, favoriser l'empowerment, réduire les difficultés liées aux processus identitaire du coming out chez ces femmes, réduire la honte et la culpabilité liée aux orientations sexuelles, contribuer à réduire les différents risques liés à la santé et améliorer le bien-être, favoriser l’accès aux soins de santé adéquats pour ces publics, favoriser l’accès aux ressources émotionnelles, cognitives et sociales adéquates.
  • les milieux de vie spécifique : informer, soutenir et favoriser l'acceptation par la famille, informer et sensibiliser au sujet des besoins et des attentes les lieux de socialisation lgbt, associatifs et commerciaux, les associations de jeunes, favoriser la création d’un centre d’expertise sur la santé des femmes lesbiennes ou bisexuelles.
  • les milieux de vie généralistes :
o   école, monde du travail : agir sur le contexte pour le rendre plus sûr et ouvert à la diversité.
o   services de santé et services sociaux : favoriser l'information, la sensibilisation, la formation professionnelle initiale et continuée des intervenant-e-s, des outils pédagogiques en lien avec la formation, développer des actions de prévention et de promotion de la santé pour les femmes lesbiennes ou bisexuelles, des campagnes adéquates de sensibilisation et de prévention à leur égard
o   domaine de la recherche : soutenir financièrement des recherches sur la santé des femmes en général et des femmes lesbiennes, bisexuelles ou non exclusivement hétérosexuelles en particulier et intégrer des questions d'orientations sexuelles dans les recherches sur des populations générales
  • la société en général : lutter contre les discriminations, travailler sur les rapports sociaux de sexe, de genre et d’orientation sexuelle de manière transversale dans les politiques et les pratiques, promouvoir l’égalité de droits et de traitement, prévenir les dominations de genre, du sexisme, des homophobies et de l’hétérosexisme et ce, dès le plus jeune âge, créer une loi contre le sexisme dans la publicité et les médias, soutenir la prévention de la violence à l’égard des femmes et des filles, promouvoir de la santé globale, la promotion de la santé.

En guise de réflexion à poursuivre


Juste quelques questions...
Qui a intérêt –ou non- à s’occuper de la santé des lesBIennes ? A soutenir –ou non- de tels projets ?
Quelles sont les fonctions des stéréotypes de genre dans notre société ? A quoi et à qui servent-ils et comment les dépasser ?

Rejoignez-nous pour créer un réseau de professionnel-le-s qui prennent en compte la santé des LESbiENNES.
1 In good hands ? the status quo of psycho-social assistance for lesbian victims of violence and/or discrimination : a European comparison, Constance Ohms, Karine Müller, 2001
2 Projets européens avec la participation de Magenta: www.lesben-gegen-gewalt.de et http://www.taeterinnen.org
3 Réseau Québécois d’Action pour la Santé des Femmes, Mimeault, 2003




[1] Human Papilloma Virus

santedeslesbienne@gmail.com

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