mardi 17 février 2015

Nous n'avons pas besoin des hommes pour avoir du plaisir... Le retour...



Nous n’avons pas besoin des hommes pour avoir du plaisir…
Pour contracter une infection transmissible sexuellement et par le sang (ITSS) non plus.

Cela fait bien longtemps, trop longtemps que je n'ai plus écrit pour ce blog!
Comme chaque année, en février, avec SIDASOS, nous réalisons une campagne de prévention pour l'amour entre les filles, les femmes. 

Cette année, comment se préserver, sans utiliser de latex? 

Bon nombre de conseils qui vous sont donnés pour vos amours et relations sexuelles entre filles, se réduisent à ce simple principe. Il faut une barrière afin que les virus ne passent pas ou le moins possible. Pour l’essentiel, il s’agit d’utiliser des carrés de latex, des digues dentaires et des gants lors des relations naissantes, à risques ou encore si l’une de vous deux porte une infection transmissible qui peut compromettre votre santé à l’une ou à toutes les deux. 

Il y a aussi des informations sur les différentes infections : HPV, chlamydia, HIV, etc…

Pourtant, très peu de filles et de femmes utilisent ces moyens de protection l’une avec l’autre (« ça fait « tue l’amour » ! »). Et comme les informations données sur les ITSS font un peu ou très peur, soit on ne fait rien et on se parle beaucoup beaucoup beaucoup J, soit on laisse tout tomber et on fait l’amour sans prendre aucune précaution. 

Donc, comment réduire les risques, mais sans utiliser de latex ?

  • Tout d’abord, il est important de faire un dépistage très régulièrement, consultez une fois par an, votre gynécologue.

  • Ne pas avoir de relations sexuelles quand votre immunité est basse (que vous êtes malade, que vous ne vous sentez pas bien physiquement).
  • Vos mains doivent être propres et les ongles coupés courts et limés, pour éviter de faire des égratignures durant la pénétration ou la stimulation des lèvres, du clitoris…
  • Parler ensemble de votre santé sexuelle, de ce que vous avez déjà eu comme problème de santé sexuelle. Soyez honnête, il n’y a pas de honte à ça !
  • Éviter les contacts de sexe contre sexe, de toucher sexuellement l’autre puis vous ou vice versa, tant que vous êtes dans une relation où vous voulez/devez réduire les risques de contamination. Gardez une main pour elle et une pour vous ou les deux pour elle !
  • Si vous ou l’autre, vous avez une infection vaginale, les lèvres vulvaires gonflées, rougies, que vous avez des condylomes, si vous avez un bouton de fièvre sur la bouche (herpes), ne mettez pas vos muqueuses (bouches, sexes…) en contact.
  • Eviter de mettre en contact des sécrétions vaginales avec vos yeux (en se frottant les yeux avec les doigts, la main par exemple).
  • Si vous utilisez des objets sexuels (sextoys), prenez soin qu’ils soient bien propres, nettoyez les après et avant chaque utilisation, prenez les en silicone de haute qualité si possible, mettez des préservatifs dessus et changez le préso pour chaque nouvelle pénétration (oui, je sais c’est du latex mais ce n’est pas entre vous deux).
  • Macher un chewing gum, prenez une pastille qui rafraichit l’haleine avant de faire l’amour plutôt que de vous laver les dents.
  • Utiliser du lubrifiant pour éviter les échauffements et les risques d’abrasion des muqueuses (à base de silicone si vous n’utilisez pas de sextoy en silicone et que vous ne pratiquez pas le sexe oral après cela ou à base d’eau pour les autres cas de figure).
  • Ne faites pas l’amour lorsque vous êtes réglée, menstruée ou alors, porter un tampon pour tenter de réduire le contact avec le sang (beaucoup plus de risque pour les infections de style VIH, hépatites B, C…).
  • Enlever vos bijoux avant de faire l’amour.

Les relations sexuelles doivent faire partie d’une envie à deux, cela doit être choisi ensemble. La réduction des risques, cela se négocie ensemble, chacune à égalité l’une de l’autre. Faire quelque chose que vous ne voulez pas, qui met du risque pour la santé, cela n’est jamais une preuve d’amour et cela ne fera pas rester l’autre. Parler ensemble, communiquer sur ce que vous allez faire pour vous protéger l’une et l’autre, ensemble, des ITSS, tant que cela est nécessaire. Et aider vous l’une l’autre, les unes les autres, à consulter un-e gynéco une fois par an au minimum et aussi lorsque vous en avez besoin.


samedi 12 juillet 2014

une web série...




A découvrir...

"Femmes, femmes: mode d'emploi. La cinéaste Chloé Robichaud explore l'univers lesbien dans une websérie ludique et dénuée de clichés". Vous pouvez visionner la première saison!

www.femininfeminin.com

mercredi 9 juillet 2014

Comment savoir si je suis bi ? Bisexuelle?

 
Comment savoir si je suis bi ? Bisexuelle?

Cet article est écrit à 4 mains, par Rosine Horincq et Owl! 
Merci Owl! pour ta contribution et merci d'oser amener ce que les jeunes peuvent vivre comme questionnement et les solutions qu'elles tentent de trouver...



Je pense que par défaut, comme dans les paramètres d'un smartphone ou d'un laptop nous sommes tous et toutes considéré.e.s hétéro et la société attend cela encore plus de nous, les filles, car nous sommes des femmes. On attend de nous que l'on fasse des bébés et on nous dit que pour cela, il faut le faire avec un homme, que pour être complètes, comme femmes, il nous faut tout cela: un homme, des enfants, une vie ""normale"". Or, on peut avoir des bébés sans qu'il y ait un homme dans notre vie (les cliniques de fertilité inséminent des couples de femmes qui veulent des enfants) et on peut être avec un homme et ne pas avoir envie d'avoir des enfants... Beaucoup d'idées préconçues, de préjugés persistent donc encore en 2014...



Certaines d'entre nous sentent vite, tôt, qu'elles sont attirées un peu, beaucoup, passionnément, principalement voire exclusivement par les filles. Le ressentir et l'accepter, cela ne se fait pas souvent au même rythme. En effet, des couches de préjugés doivent être enlevées pour pouvoir vivre qui on est, vivre au mieux ses attirances, ses amours envers telle et telle fille. D'autres se cherchent longtemps, parce qu'elles n'arrivent pas à mettre de mots sur leurs sentiments amoureux, ni sur leur orientation sexuelle. Ressentir de l'amour pour une ou des filles, comprendre que c'est tout à fait naturel, valable, beau, acceptable, ça peut prend du temps. Mais les choses peuvent se compliquer encore lorsque les attirances sont tant pour certaines filles que certains garçons... On peut parfois se sentir encore plus paumée...



Alors comment on sait si on est bisexuelle? L'énigme n'est pas facile à résoudre en ce sens qu'il y a un nombre infini de combinaisons et de comportements différents en fonction de chacune. On peut être attirée autant par des filles que des garçons, on peut être + attirées par des filles ou + par des garçons, on peut préférer être avec des filles, avoir des amitiés fortes avec elles ou l'une d'elles, tout partager avec elle.s (préférences émotionnelles, sociales...), mais n'avoir de la sexualité qu'avec des garçons, on peut préférer avoir des relations intimes et sexuelles uniquement avec des filles, mais se sentir bie, parce que EN THEORIE, on pourrait être avec un garçon, même si on n'est jamais sortie avec un garçon, etc. On peut même parfois se sentir principalement ou presque totalement intéressée par les filles et être attirée aussi parfois par les garçons en même temps, et inversement. Chacune de nous doit résoudre son équation à sa manière, avec ses besoins, ses envies, ses possibles, en se respectant soi, avec comme centre de gravité, comme boussole, ce qui vous convient le mieux, ce qui est au plus juste pour vous, à ce moment donné de votre vie...



Comment s'y retrouver?



Soit on peut vivre ses amours et ses attirances comme elles viennent. Mais souvent, on verra que de soi-même ou par l'entourage, les réactions ne seront pas semblables s'il s'agit de sentiments pour une fille ou pour un garçon. L'hétérosexualité est et reste + valorisée, surtout chez les filles et donc les réactions suite à un amour pour un garçon seront souvent favorables (pas toujours, il peut ne pas plaire à nos parents, nos ami.e.s, mais en général, la nouvelle sera bienvenue, mieux que si on annonce notre amour pour une fille!). Les réactions si l'amour s'exprime pour une autre fille, cela pourra aller de réactions favorables à très défavorables, selon les croyances, les méconnaissances, les a priori, les préjugés de notre entourage... Donc, on ne sent pas également légitime de ressentir de l'amour, des attirances, pour une fille ou un garçon.



En plus, les garçons tentent régulièrement de nous séduire, d'entrer en contact avec nous, avec une visée séductrice est visible, il n'y a pas trop de doute qu'il s'agit de drague avec la plupart des garçons qui nous approchent. Entre filles, cela ne se passe pas pareil. Cela peut être notre meilleure amie pour qui nous sentons que les sentiments sont + que l'amitié, mais comment lui dire, le vivre, sans la perdre? Le flou dans l'amitié forte entre filles ne permet toujours aisément de définir qu'il s'agit d'amour et quand ça devient clair, on ne sait pas toujours quoi faire...



De plus, il y a un truc qui ne nous aide pas à nous y retrouver. C'est la pression de genre qui pousse les filles - à un certains moment donné de leur vie - à avoir des relations intimes entre elles, même sans vraiment être bie ou lesbiennes, sans avoir vraiment des attirances pour d'autres filles, mais "juste" parce que ça pourrait plaire + aux garçons (cfr, les vidéos des chansons les plus populaires pour les jeunes etc). Cette pression pour les filles à partager de l'intimité entre elle, de manière soft, pour mieux plaire aux garçons, n'est en rien lié à la bisexualité ou à l'homosexualité. Ce sont des pressions sociales attendues par les filles, qui peuvent encore plus nous paumer quand il s'agit de savoir vraiment ce que l'on veut et désire nous-mêmes, par nous-mêmes, pour nous-mêmes...



Alors, peut-être qu'une autre façon de voir la définition de ses attirances, de la bisexualité, c'est peut-être d'avoir une idée assez définie de ce que l'on recherche vraiment dans une relation, dans un couple, ce qui est le plus important, le moins important, ce qui est nécessaire ou non pour chacune de nous. En fonction de ces attentes, de qui est important dans une relation, un couple, nous faisons un choix parmi des personnes, femmes/hommes confondu.e.s, car finalement ce qui importe pour nous, ce n'est pas le sexe de la personne mais ce que cette personne est dans sa personnalité, ce que l'on va pouvoir échanger, partager, voire construire avec elle dans la vie...



Aussi, il est difficile de se dire "bisexuelle", vraiment bie quoi!, car beaucoup de stéréotypes renvoient encore à des images stéréotypées et fausses!



Par exemples:


Les filles et femmes bisexuelles seraient instables, une personne bie changerait tout le temps de partenaire, c'est faux! Certaines études récentes montrent même que les femmes bies seraient les plus stables dans leurs relations de couples, qu'elles soient avec un homme ou une femme!



Les filles et femmes bies ne seraient jamais satisfaites, elles seraient toujours en manque de ce que quelqu'un-e de l'autre sexe ou du même sexe pourrait lui apporter, etc. Ce n'est pas du tout le sentiment majoritaire chez nous! Certaines se sentent peut-être plus instables à un certain moment donné de leur vie, étant donné leur questionnement identitaire sur leur bisexualité mais ce n'est pas une généralité et chaque cas est à prendre indépendamment des autres. D'ailleurs, certain.e.s jeunes hétéros changent aussi souvent de partenaires et chez les hétéros, on n'a jamais tout non plus avec une seule et même personne (d'ailleurs, l'autre personne avec qui l'on est ne doit pas tout nous apporter, c'est impossible et c'est bien comme cela! ;)).



De même la bisexualité n'amène pas forcément à une attirance pour LES filles et LES garçons, elle amène à être attirée par telle ou telle fille pour X raisons et par tel ou tel garçon pour d'autres raisons encore. Chaque ressenti, chaque comportement est différent puisque chaque personne est différente.



Par contre, c'est vrai qu'il y a des choses qui sont moins faciles quand on est bies. Etre et se dire bie, c'est aussi difficile avec les ami.e.s hétéro que les ami.e.s lesbiennes ou gays, qui ont tous et toutes des préjugés à notre égard, alors souvent, on se dit hétéro avec des hétéro et homo avec des homos. :/ Lorsque l'on nous voit avec une fille, on nous pense lesbiennes et lorsque l'on se promène avec un garçon, c'est sûr, les gens nous prennent pour des hétéro! Le garçon avec qui l'on est peut trouver chouette que l'on ait eu une relation avec une fille, mais si ce n'est pas pour un plan à 3, mais que c'est une relation entière et assumée comme complète, trouvent-ils toujours cela aussi chouette? Pas toujours... Avec certaines filles lesbiennes, on peut être vues comme un peu "traitres" d'avoir encore des attirances pour des garçons, cela peut insécuriser nos amoureuses et elles peuvent nous le faire ressentir. Aussi, parfois, on garde un pied dans l'hétérosexualité (attendue socialement) en étant bies, pour ne pas perdre tout à fait l'appartenance à ce groupe-là, majoritaire. Du coup, on masque parfois une partie de notre identité, or nous avons le droit d'être reconnue à part entière, dans notre globalité. Socialement et dans nos couples aussi...





J'aime bien l'idée de la palette de couleurs. Nous avons toutes plusieurs couleurs possibles, bien + que ce que l'on nous fait croire depuis que l'on est petite. Et il y a un maximum de combinaisons possibles entre toutes ces couleurs pour donner de nouvelles couleurs totalement différentes les unes des autres ou des couleurs presque identiques avec des tons différents. Je pense, en tant que jeune concernée et en questionnement, qu'être bisexuelle c'est un peu comme être homosexuelle ou hétérosexuelle, c'est uniquement savoir ouvrir son coeur à des personnes ou à des relations qui nous permettront d'être heureuses en dehors du sexe, de la couleur, de l'origine ethnique, etc. C'est l'autre qui compte pour qui il ou elle est! C'est aussi une faculté d'aimer, qui permet d' être ouverte au monde et d'accepter n'importe quelle option qui semble correcte, tout en se respectant soi et en respectant l'autre. Mais parfois, c'est vrai que l'on peut se dire que ce serait plus facile d'être l'un ou l'autre, lesbienne ou hétéro, que d'être ainsi entre ces deux pôles, car d'un côté, on se sent toujours en eaux troubles, indéfinie, inqualifiable, avec un sentiment de ne jamais être à sa place car elle est mouvante. C'est grandement dues à l'invisibilisation des bies, aux stéréotypes de ce qui est attendu des filles etc. Mais d'un autre côté, ça ouvre vers plein de possibles d'être au-delà des catégories binaires lesbienne/hétéro, c'est venir et revenir au plus proche, au plus pur de ce qu'est aimer, de ce que c'est aimer quelqu'un-e d'autre dans toute son altérité, au-delà de son sexe et de son genre. Historiquement, il n'y avait pas qu'un seul mot pour décrire l'amour, il n'y a pas non plus qu'une seule façon d'aimer l'autre, pourquoi alors y aurait-il seulement vers l'autre sexe/genre ou le même que notre désir devrait se tourner? Notre désir, nos attirances affectives ont le droit d'être de différentes couleurs, notre palette est large et elle est belle de ses assemblages qui sont les nôtres...



Ecrit par Rosine Horincq et Owl!

vendredi 27 septembre 2013

Couples et autres histoires...







Copyright Ania Lemin.

Rosine Horincq va donner des conférences-ateliers:

ce 1er octobre, à 12H30, à l'UQAM à Montréal, à la Chaire de lutte contre l'homophobie, avec le soutien de l'IREF, au sujet des LESbiENNES et des contraintes à l'hétérosexualité, entrée libre

le 14 novembre à l'Université des Femmes, à Bruxelles, au sujet de l'égalité potentielle dans les couples de même sexe. Une exposition des dessins d'Ania Lemin, de la brochure sur les couples (téléchargeable sur le site de magenta, www.magenta-asbl.org) sera mise en oeuvre à l'Université des Femmes.

Voici deux occasions pour nous rencontrer en vrai. Merci pour votre soutien pour ce blog qui est visité une centaine de fois chaque jour...

Prenez bien soin de vous!

mardi 2 juillet 2013

Comment savoir si on est lesbienne ou bi / bie quand on est ado et que l'on veut une famille?


Pour répondre aux questions d'une jeune, j'avais rédigé ceci. Je la remercie et je lui dis bonne route. Je sais qu'elle va mieux maintenant et qu'elle se prend moins la tête, qu'elle profite des belles choses qu'elle a dans sa vie, en amitié, au niveau familial et qu'elle est un peu plus prête à vivre ce qui se présentera à elle dans son avenir... Elle se reconnaitra, je te salue bien affectueusement.

"Je suis pleine de doutes, de questionnements. Je sais que le temps m'aidera à savoir et comprendre qui je suis mais j'ai une vie bien heureuse et remplie, ce genre de "problème", suis-je lesbienne, bi, hétéro, cela me prend beaucoup de temps de réflexion et d'énergie...Est-ce que c'est lié à cette période tumultueuse qu'est l'adolescence ?"

Bien sûr, l'adolescence amène sa série de questions, de doutes, etc. Comme à d'autres étapes de la vie d'ailleurs, on appelle cela les cycles de vie. Ce sont des moments, plus ou moins longs, où l'on se pose des questions, où l'on se définit, se redéfinit, pose des choix, tente et teste la vie et ses modalités et où on fait des expériences humaines, relationnelles, affectives et/ou sexuelles. L'important est de se respecter, de prendre soin de soi et des autres, d'écouter ce que notre coeur, notre corps, notre tête nous disent, car ces différentes parties de nous, nous offrent des informations importantes sur nous-mêmes. Les messages de nos différentes parties peuvent être plus ou moins en accord... Le coeur dit 'j'aime ma meilleure amie", le corps a peur ou a très envie de vivre, la tête dit "au secours ce n'est pas possible, d'ailleurs, j'ai déjà eu des copains, donc, je suis hétéro!"... Puis, quelqu'un vous dit, 'mais ca va te passer, c'est l'adolescence!". Toutes les questions qui nous animent à ces périodes-là ne sont pas moins importantes parce que "c'est l'adolescence" entre guillemets, bien au contraire, elles nous ouvrent des possibles. Quel genre d'adulte tu veux devenir, qu'est-ce qui est important pour toi dans la vie, vers où veux-tu aller, pour toi, c'est quoi l'amour, la sexualité, un couple, une famille, etc...

"J'ai, depuis mon plus jeune âge, eu des relations amicales, avec des filles, très fortes, très exclusives. C'était une seule amie par période, je ne partageais pas vraiment ! Je crois que j'avais des sentiments très forts pour une fille. Ces questions ont refait surface l'année dernière, lorsqu'une amie proche avait parfois l'habitude de m'embrasser sur la bouche. Et ne me sentant ni attirée, mais ni dégoûtée, j'ai commencé à partir dans une spirale de questions... Aussi, quand je regarde une série américaine et que l'un des couples en est un lesbien, je trouve cela "mignon" (je peux ressentir la même chose pour un couple hétéro, mais je suis plus intriguée par ces lesbiennes en question). Mais je sais que j'ai eu des sentiments pour des garçons, ai eu des copains, et surtout, je veux la vie de famille nucléaire!!! Je veux des enfants, un homme avec moi, des repas de famille...

J'espèrais avoir une réponse ? Suis-je lesbienne ? Suis-je bi? Je sais que je serai la seule à détenir la réponse mais j'ai besoin de me sentir "rassurée" ! J'en ai parlé avec ma mère, qui me connais bien et me dit ne pas se faire de soucis, qu'elle accepterait si ça devait arriver, tout comme mon père. Mais elle me dis aussi qu'elle est persuadée que je serais avec un homme. Et dans le fond je sais qu'elle a raison..."

Au sujet de tes doutes et de tes questions, il me semble que cela relève d'une part, de ton intime (ce que tu ressens, ce qui t'attire, ce que tu aimes - ou pas-) et d'autre part, des normes sociales intégrées (ton envie de la famille nucléaire par exemple). Et c'est un peu comme si entre ton intime et les normes sociales, tu ne trouvais pas encore un modus vivendi, un accord possible...

En plus avec tout ce que l'on a entendu d'horrible en ce moment en France avec le mariage pour tous, cela a marqué le rappel qu'il n'y aurait, selon certaines personnes, qu'une - et une seule -façon de faire famille, d'être en couple qui serait """vraiment""" légitime et qu'il y aurait donc une hiérarchie entre les vraies familles, les bonnes, les hétéros et les autres. Ce processus est à l'encontre du respect des droits humains, que chaque être humain vaut autant qu'un autre être humain, que chaque personne doit pouvoir bénéficier des mêmes droits, parce que l'on est - et que l'on veut- une société égalitaire, en droit et en traitement des individus. Que les enfants doivent pouvoir bénéficier des mêmes droits qu'ils grandissent dans une famille hétéro ou homoparentale. Une chance, j'ai entendu les derniers sondages, 75% des français et des françaises veulent que stoppent les manifestations contre le mariage pour tous... Les choses avancent...

Alors, pour revenir à tes questions, à l'adolescence, il importe de commencer à se définir soi-même, comme être unique, et en même temps, c'est l'un des moments où on a le plus envie/besoin d'être conforme, aux attentes des ami-e-s, de la famille, de la société, aux normes... Et cela avec plus ou moins de grand écart entre les deux ;)... Serais-tu en train de vivre un grand écart? ;)

Tu veux savoir si tu es lesbienne ou bisexuelle et tu sais que c'est seulement toi qui pourras le dire un jour. Qu'il n'y a pas d'urgence à se dire de telle ou telle orientation sexuelle. Que ce n'est pas un choix, de toute façon, que l'hétérosexualité ne se choisit pas plus que la bisexualité ou l'homosexualité. Que ce n'est pas une faute, tu n'auras donc rien à avouer, seulement à dévoiler, en choisissant d'accepter -ou pas tes attirances, ton orientation, quelle qu'elle soit. Que cela peut dépendre de bon nombre de choses...

Tu dis vouloir être rassurée, mais qu'est-ce qui te rassurerait comme réponse actuellement? Que tu sois lesbienne? bie? hétéro? ou que tu ne le sois pas? Pourquoi, en quoi, telle ou telle réponse te rassurerait plus qu'autres ? Cela dépend de quoi? Qu'est-ce qui te fait peur?

Dans ce que tu amènes, tu donnes des exemples que tu peux être attirée par certaines filles et par certains garçons (pas tous et toutes, il faut que les personnes te plaisent bien sûr, mais cela ne dépend pas de leur sexe ou genre). Tu peux apprécier être embrassée par une fille ou par un garçon aussi. Tu ressens quelque chose de favorable quand tu vois deux femmes ou un homme et une femme à l'écran, avec un petit plus pour les femmes. Donc, tu donnes des informations qui font penser que toi, tu pourrais ressentir et vivre de belles choses en amour, tant avec une fille qu'avec un garçon, que c'est la personne qui va compter, au-delà de son sexe biologique.

Le "problème" (lequel? comment tu définirais le problème que tu vis?) viendrait d'événements déclenchants avec ta copine qui t'embrasse, cela éveille en toi des questions et des doutes...

Entre filles, à l'adolescence, c'est vrai que cela peut être très très fort, très exclusif et parfois, c'est de l'amitié à 100% et parfois, c'est de l'amitié et de l'amour. Mais comme ce n'est pas clair entre filles entre ce qui relève de l'amitié et ce qui relève de l'amour, certaines filles peuvent ne pas se poser de questions sur leurs attirances durant de nombreuses années et pour certaines d'entre elles, elle ne se rendent compte que bien plus tard que c'était de l'amour ou parfois, elles ne s'en rendront pas compte...

Ton amie qui t'embrasse te permet de te poser la question ; est-ce que j'aime cela? est-ce que j'aime cela en soi, embrasser une fille, lorsque l'on est juste à deux? Est-ce que j'aime cela quand c'est devant des autres, des garçons en l’occurrence, qui nous trouvent plus sexy parce qu'entre filles, on s'embrasse? Est-ce que j'ai envie qu'elle m'embrasse encore? Est-ce que je vis la même chose quand un garçon m'embrasse? Plein de questions qui vont t'aider à ressentir et voir ce qui te convient...

Alors, ensuite, tu dis: "je veux la famille nucléaire"...

As-tu déjà tapé "Famille nucléaire" sur google? Voilà ce que cela donne:

Sur Wiki:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_nucl%C3%A9aire
Une famille nucléaire est une forme de structure familiale fondée sur la notion de couple, soit un « ensemble de deux personnes liées par une volonté de former une communauté matérielle et affective, potentiellement concrétisée par une relation sexuelle conforme à la loi »1. La famille nucléaire correspond donc à une famille regroupant deux adultes mariés ou non avec ou sans enfant. Ce terme est à l'opposé de la famille élargie et de la famille polygame qui peut compter plusieurs générations ou ne pas être fondé sur la notion de couple.
La famille nucléaire est le modèle familial dominant de la société occidentale, directement héritière société romaine dans laquelle le couple monogame est à la base de la structure familiale. Selon les époques, ce couple monogame a pu être exclusivement hétérosexuel (période médiévale) ou à la fois homosexuel et hétérosexuel (Rome antique2, époque contemporaine).

Sur linternaute:
http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/famille-nucleaire/

Huuum, c'est quoi ta définition de famille nucléaire? Car il y a plusieurs choix possibles selon les sources; ce n'est pas figé et c'est culturel, ca évolue avec le temps et selon les sociétés!!! La notion de couple, de famille a toujours évolué et évolue toujours. Je donne des formations aux professeurs sur la notion de familles, leur évolution, leur diversité, des familles dites traditionnelles, monoparentales, homoparentales, recomposées, d'adoption, d'accueil... Et la plupart du temps, ce qui revient dans la notion de "c'est quoi une famille pour vous?", c'est davantage des caractéristiques telles que l'amour entre des personnes, le soutien réciproque, le fait d'évoluer ensemble (avec ou sans enfant même!) qui ressortent et au bout du compte, ce qu'ils et elles définissent comme famille ne dépend pas du sexe des personnes mais des qualités de la relation.

En effet, c'est quoi une famille pour toi? Peux-tu essayer de définir ce qui fait "famille" pour toi, ce qui est important pour toi dans une famille?
Dans tes réponses, qu'est-ce qui est strictement réservé aux familles hétérosexuelles/hétéroparentales, qu'est-ce qui n'existe pas dans les familles homosexuelles/homoparentales? D'où penses-tu que nous détenons nos connaissances, certitudes, convictions sur ce qu'est une bonne famille ou pas?

Tu parles des repas de famille, avec un homme et des enfants. Sans doute que pour toi, le "vivre ensemble" est important, tu aimerais vivre avec ton amour, élever des enfants ensemble, comme pour beaucoup d'entre nous d'ailleurs. Cela peut souvent être une vraie joie vécue, c'est parfois quelque chose que l'on a vécu soi-même en tant qu'enfant et qui était chouette ou alors, c'est parfois quelque chose que l'on a pas eu et que l'on espère. C'est aussi ce type de famille qui nous est présenté comme idéal à atteindre, dans les pubs, les films, etc.

Mais il n'y a pas de lien direct entre "être avec un homme et avoir des enfants avec lui" et "vivre ensemble, manger ensemble". En effet, le nombre de familles dites traditionnelles (père, mère, enfants), où les parents se séparent, est en augmentation. Les familles dites traditionnelles ne sont pas immuables, cela change. Les parents restent ensemble tant qu'il y a assez d'amour, de relations affectives entre eux. Si cela n'est plus le cas, les adultes peuvent choisir de se séparer, il n'y a plus d'obligation à rester ensemble si cela ne va plus, comme c'était le cas auparavant.

Lorsque les familles dites traditionnelles se séparent, cela donne majoritairement des familles monoparentales,et le plus souvent, dans ces cas, ce sont des mères seules qui élèvent les enfants.

Parfois, les familles se recomposent par après, avec des beaux-parents.

De la même manière, une femme peut avoir des enfants avec une autre femme, les élever ensemble et vivre et manger ensemble tout au long de leur vie.

Il n'y a pas un lien direct entre le sexe de sa-son partenaire et type de famille et de vie quotidienne. On peut avoir eu des enfants avec un homme et vivre seule avec ses enfants, tout comme on peut avoir eu des enfants avec une femme et vivre ensemble et éduquer ensemble les enfants dans la durée... Ou le contraire!

De la même manière, cela peut être un rêve d'avoir ses parents encore ensemble, comme le pire cauchemar. Le fait d'être et de rester ensemble n'est pas toujours synonyme de joie et bonheur en famille. Beaucoup d'entre nous ont vécus dans des familles où les parents étaient ensemble, mais pas tellement pour le meilleur... :/

Alors, je vous invite à retenir une chose si vous avez des attirances aussi bien pour des filles que pour des garçons et que vous voulez fonder une famille. Si tu choisis d'aller vers une famille nucléaire, hétérosexuelle, puisque tu te sens attirée aussi par les garçons, tu le peux. Mais tu dois savoir qu'il est possible que ce ne sera pas pour la vie, mais plutôt jusqu'à ce que nous nous aimons et sommes suffisamment d'accord. Et si c'est avec une fille que tu te sens en amour, sache que cela pourra aussi donner lieu à une famille nucléaire (enfants, vivre ensemble, manger ensemble...). Donc, tu as un réservoir plus grand de possibilités que les personnes attirées seulement par les hommes ou seulement par les femmes, pour trouver la personne qui va te convenir et à qui tu vas convenir pour créer ton couple et ta famille ;).


La famille est universelle car elle est présente partout mais sa forme et ses règles varient selon les sociétés, les époques, les endroits...

En conclusion, la notion de famille est éminemment culturelle, c'est une construction sociale en perpétuelle évolution, elle ne donne pas la même définition partout dans le monde, à la même époque et elle n'est pas la même à toutes les époques, dans un même lieu donné.

Alors, peux-tu faire le dessin de ce que serait ta famille idéale et tenter de voir concrètement comment tu construirais ta famille à toi, ce que tu y mettrais, ce que tu veux ou non dans ta famille en devenir?

Ta mère te connais bien et le message qu'elle te donne est important: quelle que soit ta voie, tu seras bienvenue. Y compris par ton père... Etre acceptée par sa famille, ses parents, cela compte énormément. En même temps, elle te rappelle ce qui est attendu, elle tente de te rassurer (mais de quoi exactement?), tu dis qu'elle est "persuadée que je serai avec un homme". Il arrive souvent que des parents espèrent que leurs enfants soient hétéro, car ils-elles ont peur que leur enfant souffre d'être "différente", vivent des préjugés, des discriminations. Mais dans le fond, le problème, n'est-ce pas qu'il y a encore une telle homophobie et du sexisme en 2013? Ce n'est pas l'homosexualité de leur enfant le problème, ce n'est pas de ça dont les parents ont peur, c'est que les autres soient méchants, rejetants avec eux. Ce n'est pas parce qu'il y a du racisme dans les écoles qu'il faudrait qu'il n'y ait plus de noirs dans les écoles. Le problème, c'est le racisme, pas les enfants noirs. Tu vois un peu ce que je veux dire? Le problème ce n'est pas l'homosexualité ou la bisexualité. Le problème auquel il faut s'attaquer, c'est l'homophobie, le sexisme, la pression à devoir être hétérosexuelle à tout prix. Qu'est-ce qu'une personne lesbienne ou bie fait de mal, si ce n'est aimer une autre fille? Et en quoi est-ce mal? En quoi cela vaudrait moins que d'aimer un garçon? En quoi cela ne permettrait pas une vie de famille, en élevant ensemble des enfants?

L'hétérosexualité n'est pas un gage de bonheur et l'homosexualité n'est pas un gage de malheur. Ce qui rend malheureux, c'est de vivre en dehors de ses chaussures, de ne pas pouvoir être soi-même parce que la Loi, la société, la famille, l'école, les ami-e-s ne le permettent pas...


Que tu aimes les filles, les garçons, une personne quel que soit son sexe biologique, tu as tout ce qu'il faut pour être heureuse, pour vivre une vie de couple et de famille épanouissante et tes parents t'accepteront. Donc, vis ta vie, ose vivre ce qui te convient le mieux dans tes relations affectives et la vie va te faire rencontrer de belles personnes et un jour, il y aura un + avec cette personne-là et tu ira plus loin avec lui ou elle... Gardez confiance.

santedeslesbienne@gmail.com

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