jeudi 15 mars 2012

Le frottis; quelle histoire!


Qu'est-ce qu'un frottis?


Faire régulièrement un test de dépistage, un frottis - test PAP ou examen de Papanicolaou- est très important : ce test détecte d’éventuels problèmes de santé sexuelle. S'il est fait régulièrement, il permet d’intervenir à temps. Par exemple, plus des cellules précancéreuses sont dépistées tôt, plus les chances de vaincre un cancer causé par le HPV (Human Papilloma Virus) sont élevées.


En deux mots, le test PAP est conçu pour déceler les cellules qui deviennent atypiques, anormales, sur votre col de l'utérus, et ce avant même qu'un cancer ne se développe. Le col de l'utérus, c'est la bas de l'utérus, qui rejoint le vagin. Au fond de votre vagin, vous pouvez sentir comme "le sommet d'un petit volcan" mais placé à l'envers, qui "ressort" vers votre vulve. Il s'agit du col de l'utérus. L'utérus est quand à lui, un organe impliqué dans les fonctions reproductives chez les femmes, c'est là que se loge l'embryon.


Le test PAP doit être fait régulièrement (que vous soyez ou non vaccinée contre le HPV). Selon nous, un rythme annuel, un test chaque année est le mieux, même si les contextes socio-économiques actuels ne favorisent plus toujours le remboursement du test aussi souvent et que les dernières recommandations changent (une fois tous les 3 ans est suffisant selon les médecins et chercheur-e-s*). Il se peut donc que vous deviez le payer certaines fois, il se peut que votre médecin ne veuille pas faire un test si souvent. A vous d'en parler avec votre docteur-doctoresse de confiance, de voir si cela est possible d'assumer financièrement le test certaines fois. En tout cas, allez voir votre médecin, gynécologue, une fois par an (vous pouvez bien sûr avoir une consultation sans réaliser de frottis), c'est vraiment important. Certains endroits offrent des consultations quasiment gratuites, avec des frais proportionnels à vos revenus, par exemple dans les centres de planning.


Le frottis consiste en un prélèvement d'un peu du liquide qui se trouve à l'intérieur du col de votre utérus, à la jonction entre les cellules du vagin et de l'utérus. Ce test s'effectue donc dans votre vagin. Il est effectué par un-e docteur-esse, gynécologue, uniquement lorsque vous êtes d'accord de passer cet examen. Ce test ne fait pas mal, mais il n'est pas très agréable. Il faut s'allonger sur une table de gynéco et écarter les jambes. Vous pouvez demander à ce que l'on vous explique par avance ce que l'on va vous faire et vous pouvez aussi demander à ce que la partie supérieure de la table, où se situe votre dos, soit relevée, afin de voir ce qui se passe. La personne va introduire en vous un spéculum lubrifié : il s'agit d'un instrument médical qui va permettre de voir votre vagin et d'accéder à votre col de l'utérus. Vous pouvez demander à ce que la-le médecin utilise le plus petit des speculum (même celui pour vierge, même si vous avez déjà eu des relations sexuelles) et qu'elle-il le réchauffe un peu avant (sinon, vous bénéficierez d'un effet cooling, frais, puisque l'instrument est fait de métal mais aux bouts tout arrondis). Ensuite, le-la médecin ouvre tout doucement le speculum, celui-ci s'écarte un peu, ce qui permet de voir le col.


Avec un genre de grand coton-tige ou d'une petite brossette douce, un peu de cellules qui se trouve dans votre col est prélevé. Ces cellules vont être envoyées au laboratoire afin de les examiner pour voir si tout va bien, ce qui est généralement le cas. Un autre test peut être fait au même moment de l'examen si vous êtes à risque de HPV. La-le médecin prend un autre genre de coton-tige, qui est imbibé d'un produit qui -bien qu'un peu acide- ne créé aucune sensation en nous, mais qui permet de voir les cellules, qui deviennent blanchâtres si elles sont "anormales".


Notez que au test PAP ou au test HPV, si la-le médecin constate des cellules anormales, cela ne veut pas dire que c'est grave, ni que vous avez le cancer! Cela donnera des indications des suites à donner à l'examen. Nous en parlerons dans un autre article.


Pour vous préparer au test PAP, vous ne devez rien faire de particulier. Cela ne fait pas mal, même si ce n'est pas le maximum de confort pendant l'examen. Le tout ne dure que quelques minutes. Pour favoriser votre confort, il y a un petit truc : essayez de vous détendre, de relâcher les jambes et le bas du dos et respirez lentement et profondément pendant l'examen, ceci vous aidera à détendre les muscles qui entourent votre vagin. N’hésitez pas à dire à la-au médecin si c'est votre premier examen et si vous avez peur, et si vous éprouvez trop d'inconfort, demandez-lui de cesser le test.


Pour la plupart d'entre nous, c'est surtout la première fois que l'on fait le test qui est impressionnant, après, ca devient une routine, ce ne fait plus rien d'aller faire son frottis...


Mais pour certaines d'entre nous, par exemple lorsque l'on a vécu des traumatismes sexuels au cours de la vie, si vous avez dû dépasser des abus et des agressions sexuelles, il arrive que ce test ne soit pas facile. Si vous le pouvez, dire cette information à votre soignant-e peut être utile pour qu'elle-il prenne encore plus de précautions. Si vous ne souhaitez pas le dire, vous pouvez lui faire comprendre que vous souhaitez qu'elle-il soit la-le plus douce-doux possible pour réaliser ce test, qui n'est pas facile pour vous. Vous pouvez aussi demander à une amie, votre amie, ou à une personne importante pour vous de vous accompagner pendant l'examen.


Pour que l'échantillon prélevé soit de bonne qualité, essayez de prendre rendez-vous au milieu de votre cycle menstruel (et en tout cas, le test ne peut pas être réalisé pendant vos règles), limitez vos activités sexuelles durant les 24 heures avant le test, ne faites pas de douche vaginale et n'utilisez pas de produits de type Iso-Bétadine®.


Le test PAP est un outil de dépistage, pas de prévention. Il ne traite pas, il ne guérit rien.


Après le frottis, la-le docteur-esse va faire un examen de vos organes, si vous êtes d'accord. Cela fait partie des examens à réaliser chaque année, lorsque vous aller faire votre frottis. Votre médecin va mettre des gants en latex très fins, va lubrifier ses doigts, va mettre doucement un doigt dans votre vagin et elle-il va poser son autre main sur votre ventre, pour voir si vos organes pelviens (ovaires etc.) sont de la bonne forme, de la bonne taille et au bon endroit. Cet examen dure très peu de temps et il est important.


Tant que nous y sommes, demandez à votre médecin de vous faire une palpation des seins, pour vérifier qu'aucun nodule - petite boule- n'y apparait. Elle-il fera aussi souvent une vérification en appuyant sous vos aisselles. En fait, les ganglions sous vos bras, au niveau de vos aisselles, gonflent en cas de nodule, même si celui-ci est tout petit et pourrait passer inaperçu à la palpation. C'est donc une vérification importante. Normalement, nous devons régulièrement faire une palpation nous-mêmes de nos seins, malheureusement, nous sommes trop peu à la réaliser. Demandez à votre médecin de vous expliquer la méthode pour bien palper vos seins: il y a des trucs et une façon de le faire! Et essayons de faire régulièrement ce test nous-mêmes et de nous encourager les unes les autres à le faire!


La santé de notre col est importante.


Il y a des facteurs de risque, et le col de l'utérus peut être atteint par des infections, dont le HPV, nous en parlerons bientôt. Il existe aussi des facteurs de protection sur lesquels nous pouvons agir, qui influencent notre santé globale et peuvent aussi avoir des effets sur le col de l'utérus. Utilisons les précautions durant les relations sexuelles mais aussi, boostons notre système immunitaire (en prenant soin de nous, de notre sommeil, de notre alimentation...), luttons contre le tabagisme, le stress, aménagons le plus possible certains changements liés aux étapes de vie...

*
http://well.blogs.nytimes.com/2012/03/14/new-guidelines-advise-less-frequent-pap-smears/?ref=health


mercredi 7 mars 2012

Le 8 mars...

Alors, petit préambule, non, non, on ne dit pas "la journée de la femme"! Même si les journaux en parlent parfois comme cela...


Pourquoi? Parce que ce serait réifier les femmes au travers de la Femme, emblème de l'éternel féminin, avec un ordre naturel, une logique essentialiste derrière... Gloire à la Femme et tout le toutim... Du moment qu'elles continuent à être et surtout, qu'elles restent à leur place de femme...


Or, les gentilles filles vont au paradis. Les vilaines vont partout...


Donc, c'est la journée internationale DES femmes et plus précisément, de leurs droits...

En outre, le jour où l'on ne devra plus avoir un jour pour ça, c'est que les droits seront atteints et là, on pourra vraiment faire la fête!!!!!


En attendant, nous nous engageons auprès de tous les mouvements qui travaillent pour faire respecter les droits des femmes en général et nous sommes à leurs côtés pour continuer de tenir compte de manière transversale, des variabilités parmi les femmes, dont les LESbiENNES, de toutes les couleurs, de tous les âges, de toutes les formes, partout dans le monde...


Car l'égalité, le respect des droits, c'est aussi une question de santé...

jeudi 1 mars 2012

La prévention des ITSS entre femmes... Mais encore?

Vivre, partir en voyage, traverser la rue, faire l'amour, c'est prendre des risques... Mais la plupart du temps, tout se passe bien, non? Et la sexualité sans risque, ça n'existe pas... Et si on ne fait rien, ce serait très ennuyant non? Alors, on fait comment?



Bien sûr, on essaye de réduire les risques au maximum (on fait des vaccins pour partir à l'étranger, on passe -parfois- quand le feu est vert pour les piétons, on utilise certaines précautions lors des relations sexuelles...).



Mais le risque Zéro n'existe pas. On va "juste" (mais c'est très important!!!!) réduire au maximum les risques... Il faut veiller à le faire, cela fait partie des choses importantes dans une relation, qu'elle soit passagère ou établie, il faut prendre soin de soi et de l'autre, ou vice versa, c'est comme vous voulez! Cela relève de l'éthique dans la relation, du respect qui est donné et reçu.


Pour réduire les risques, il faut être informées... Et dans le domaine de la santé affective et sexuelle, il y a peu de choses au sujet des LESbiENNES et comme nous l'avons déjà dit, les informations se répètent de l'une à l'autre des brochures d'informations.


Depuis de nombreuses années, la question des IST, Infections Sexuellement Transmissibles, lors des relations entre femmes, est restée en même temps négligée (en termes de recherche, d'actions de prévention) et en même temps, présentée comme un grave danger (la question du VIH-Sida entre femmes). Sous-estimée d'un côté, dramatisée d'un autre.


Sous-estimées, les ITSS entre femmes le sont car il reste des idées selon lesquelles, deux femmes ensemble "ne peuvent rien se refiler comme infections". Cela repose sur la méconnaissance des praticien-ne-s et des chercheurs-euses et sur une vision phallocentrée de la sexualité ("que peut-il bien exister s'il n'y a pas de pénis?", réponse lorsque l'on n'est PAS dans cette vision : plein de choses :) !!!!!). Si la sexualité entre femmes est ainsi banalisée, dénigrée, il en va de même des infections. Derrière ce processus, c'est la sexualité des femmes en général qui est ainsi mal considérée. Hors de la reproduction et de la contraception, la prise en compte de la sexualité des femmes reste encore trop souvent réduite.


Dramatisées, les ITSS entre femmes le sont aussi. Des messages qui émanent et qui se répètent de manière univoque proviennent souvent de femmes LESbiENNES qui travaillent auprès des gays, des prostitué-e-s, en prévention du VIH-SIDA. Il est bien connu que dès le début, les LESbiENNES ont été solidaires avec leurs amis et connaissances gays, frappés de plein fouet par cette épidémie, devenue une pandémie. Pourtant, durant des années, la question de la transmission du VIH entre femmes, ensuite des IST, n'a pas fait l'objet d'actions ou de recherche. Ni par les associations de gays, ni par d'autres. Ce n'est que récemment que la question des IST entre femmes apparait, pour une série de raisons et de motivations dont certaines sont louables. Mais pour faire poids, les messages font peur ("le VIH se transmet entre femmes!!!", cela est possible, il existe quelques cas, mais cela n'est pas très fréquent. Il faut réduire les risques en évaluant les pratiques de l'une et de l'autre, mais s'alarmer n'est pas de bon conseil). Pour être entendus, les messages résonnent comme ceux pour les gays et les hommes bi, ils ne tiennent pas suffisamment compte des réalités des LESbiENNES. Par contre, d'autres risques sont mis à l'écart. Pour diverses raisons (rencontre amoureuse, choix personnel mais aussi pression à la norme et à l'hétérosexualité), de nombreuses LESbiENNES disent avoir eu des relations sexuelles avec des hommes dans leur vie et certaines continuent à en avoir. Et les LESbiENNES sont parfois plus susceptibles de les avoir avec des hommes gays ou bisexuels, ce qui n'est pas sans intérêt en termes d'évaluation des risques.


Alors, la prévention des ITSS entre femmes doit gagner en expertise, la recherche doit être soutenue, les formations aux professionnel-le-s étendues, cela doit devenir une réelle attention, qui s'inscrit dans une perspective de santé globale pour les LESbiENNES (càd, tenir compte de tous les facteurs de risques et de protection, des niveaux individuels au niveau macro-social). Aussi, il s'agira pour nous, les LESbiENNES, de considérer que c'est important, nous sensibiliser les unes les autres, faire des tests de dépistage du col de l'utérus et consulter un-e gynéco chaque année.


NB: ITSS = Infections Transmises Sexuellement et par le Sang, IST = Infections Sexuellement Transmissibles. Souvent cela parle de la même chose, mais les termes ne sont pas les mêmes en Belgique, au Québec ou en France. ITSS correspond mieux à nos besoins, en tant que LESbiENNES.

santedeslesbienne@gmail.com

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